RÉSUMÉS DES CONTRIBUTIONS N° 5

Laurence Denooz et Nehmetallah Abi-Rached, Introduction

Nehmetallah Abi-Rached, Enfance, mémoire et identité chez Jabbar Hussin

Partant du constat que le triptyque mémoire, souvenir et écriture autobiographique constitue un thème majeur des études littéraires, l'auteur analyse la technique narrative qui modélise Adieu l'enfant de Jabbar Hussin et qui structure l'univers du jeune, essentiellement dans ses rapports au discours, en partant du postulat que l'écriture est mémoire et qu'Adieu l'enfant s'y inscrit dans deux domaines liés à la mémoire et modelant l'identité : la parole et les souvenirs.

Rania Fathy, L'Enfance dans l'œuvre de Mahmoud Darwich. Du rêve au souvenir

L'écriture de La Palestine est liée à l'écriture de la mémoire, laquelle demeure attachée aux souvenirs d'une enfance lointaine : celle de la maison première, du premier contact avec la langue, du premier arrachement et de la première fracture. Entre rêve et souvenir, entre un solide point d'ancrage identitaire et les signes d'un brouillage traumatique, se dessinent les traits d'une enfance difficile dont il s'agit d'explorer les figurations dans Fī ḥaḍrat al-ġiyāb et Limādhā tarakta al-ḥiṣān waḥīdan de Darwich.

Jalel el-Gharbi, Filiation et « scène originelle » dans Le Petit voyeur de Sonallah Ibrahim

L'instant paroxysmique du Petit voyeur de Sonallah Ibrahim est celui où l'enfant surprend son père avec une femme, un substitut de la mère. La scène, plus perverse qu'il n'y paraît, altère tout à la fois l'image de la mère, du père et de l'enfant même. La contribution se propose de faire une lecture stylistique de ce moment. L'écriture de la « déliaison » qui caractérise tout le roman ne contraste pas, loin s'en faut, avec l'évocation de la scène originelle.

Marie-Thérèse Oliver-Saïdi, Deux enfances au nord de la Syrie. Entre similitudes et dissemblances

Cette étude de quatre récits arabes d'enfance tend à démontrer que l'enfance s'y inscrit comme un observatoire privilégié du monde des adultes, de ses vicissitudes et de ses contraintes. En réaction vont se constituer ainsi des identités singulières, se construire des personnalités avec des choix de vie que le récit tentera souvent d'éclairer, voire de justifier a posteriori. Le récit d'enfance aborde une grande variété de thèmes sociopolitiques et les questionnements identitaires, et, en véritable catharsis, critique la société sous le couvert de l'innocence de l'âge et d'une réception plus ouverte.

Françoise Bombard, Enfances algériennes. 1962 et L'Orient après l'amour de Mohamed Kacimi

La pièce 1962 et le récit autobiographique L'Orient après l'amour proposent l'évocation d'enfances algériennes, celles des années 50-60 et celles des années 90, inséparables de l'Histoire. Le recours à des voix multiples pour le retour mémoriel dans la pièce nous permet d'entrer dans le vécu et le ressenti des enfants. Dans les deux œuvres, l'auteur met l'accent sur le poids de la tradition, sur les ruptures fondamentales et c'est avec humour le plus souvent qu'il dénonce les modes de transmission et la nature même des savoirs ou qu'il se remémore les rêves et les désillusions de l'enfance.

Talal Wehbe, L'éducation territoriale de la petite Ferdaous. Imraʾat ʿinda nuqṭat al-ṣifr de Nawāl al-Sa'dāwī

D'après Peter Hitchcock, la perspective développée par El Saadawi dans sa représentation des mésaventures de Ferdaous-prostituée dans Imraʾatun ʿinda nuqati ṣṣifr est une première dans la littérature arabe. Il est remarquable que dans tous les épisodes de la vie de Ferdaous il est question de la distance réelle qui la sépare de l'autre. Aussi proposons-nous une lecture du texte sur l'enfance du Ferdaous fondée sur les principes de la proxémique d'Edward Hall. L'excision est un facteur décisif dans l'imposition d'une organisation territoriale discriminatoire caractérisée par la confiscation du territoire intime et la constitution d'un espace interpersonnel fermé et surveillé par l'Homme-Gardien.

Laurence Denooz, Enfance au féminin ou la double mise à l'écart. Al-Ḫibā' de Mīrāl al-Ṭaḥāwī

Dans Al-Ḫibā', Mīrāl al-Ṭaḥāwī décrit l'enfance d'une petite Bédouine du désert, Fāṭima, échouant en définitive à s'extraire d'un environnement quasi exclusivement féminin et à s'arracher au destin que la société lui avait tracé et imposé. Plus humaniste que féministe, l'auteure dénonce, au travers de l'histoire tragique de l'enfance gâchée de la petite Fāṭima, une société sclérosante, austère et conservatrice, et un manque de liberté et d'affection préjudiciable à l'épanouissement personnel.

Nadjet Amari, De l'enfant-objet à l'adulte-sujet. Confidences à Allah de Saphia Azzeddine

À travers Confidences à Allah, un roman de Saphia Azzeddine, qui prend la forme d'un long monologue entre « Jbara » et Allah, je me propose dans cet article d'analyser la représentation du corps de la fillette dans la société maghrébine., où la famille a toujours été fondée sur un rapport de forces légitimé par une organisation sociologique où la prépondérance de l'homme est incontestable.

Amina Chorfa, Construction identitaire et représentations sociales de l'enfant. Une étude sociocritique de Rāʾiḥat al-qirfa de Samar Yazbek

Rāʾiḥat al-qirfa deSamar Yazbek n'est pas seulement une histoire d'amour entre une bourgeoise damascène, Ḥanān-l-Hāšimī, et sa servante,ʿAlyā, achetée à une misérable famille des bidonvilles syriens. L'auteure dénonce aussi la violence contre les enfants, ʿAlyā étant une mineure violentée et dont l'absence de consentement est renforcée par la violence physique et psychologique qu'elle subit. Elle se construit une identité entre renoncement et revanche sur la vie.

Francesco Alexandre Madonia, Enfance, logiques de la filiation et de la transmission dans l'œuvre de Rachid O.

L'enfance apparaît chez Rachid O. non seulement comme une période à laquelle il accorde une grande attention dans son œuvre romanesque, mais aussi comme le pivot autour duquel tournent le questionnement fondamental sur son identité homosexuelle, ses rapports familiaux et son écriture. Il importe donc, à l'aide de la psychanalyse lacanienne, d'interroger la représentation de l'enfance et sa panoplie de constructions imaginaires, mais aussi les structures symboliques de la filiation et de la transmission, là où elles dévoilent le réel de l'écrivain et montrent l'enjeu de la jouissance.

Sanae El Ouardirhi, Un roman d'apprentissage marocain : Une année chez les Français. Enfance et langue chez Fouad Laroui

Une année chez les Français (2010)s'inscrit dans la catégorie du roman d'apprentissage. L'initiation a sur l'enfant un double effet, à la fois source de jouissance et source d'isolement, voire d'exil. Sur cette ambivalence de l'apprentissage, processus initiatique et prélude au sentiment d'exil tant intérieur qu'extérieur, repose la démarche de construction identitaire, érigée autour du questionnement sur les liens avec la langue propre et la langue de l'autre et interrogeant les rapports à soi et à autrui.

Andréa Forget, La (les) fenêtre(s) comme médium initiatique chez Gamal Ghitany

Dans Nawāfiḏ al-nawāfiḏ, le héros-narrateur fait référence à des souvenirs d'enfance et offre ainsi un récit autobiographique, dont le regard d'enfant, focalisateur, part à la rencontre du monde, dans une découverte biaisée par un champ de vision réduit. L'identité de l'enfant se construit entre la réalité et la vie imaginée à partir de simples visions, d'« on-dit » et d'interprétations, découvrant les sensations par l'observation d'une société miniature limitée à sa rue et offrant pourtant un échantillon assez complet de l'humanité.

Anne Schneider, L'exil pour unique présence : l'enfance comme désir de s'originer

Dans la littérature de jeunesse migrante française, les petits héros ont pour marqueurs identitaires l'exil subi dans le temps de l'enfance. Frappés par le sentiment du « tragique du trop tard », ils vivent leur inscription en France entre tabou et difficulté d'intégration. À travers la quête de l'enfant, entre volonté et désir d'autonomie, libido sciendi et souhait de grandir, se joue la tension entre perpétuation d'un modèle culturel originel commun et appropriation empirique de nouveaux codes culturels.

Miloud Gharrafi, L'enfant sourd-muet dans le roman arabe. Le jeu de la parole et du silence

Cet article examine les représentations de l'enfant sourd-muet dans le roman d'un écrivain libanais contemporain. Il s'interroge sur la place que réserve la littérature romanesque à des personnages privés de l'ouïe et de la parole, sur les rapports entre les enfants sourds-muets et leurs parents dans la société arabe ainsi que sur la dimension symbolique de ce handicap dans un récit qui met en perspective d'autres problématiques que celles de la surdité et du mutisme de l'enfant ?

Virginie Fernandez,Jeunesse meurtrie dans le roman noir Éboueur sur échafaud d'Abdel Hafed Benotman

Dans Éboueur sur échafaud, Abdel Hafed Benotman raconte l'histoire des quatre enfants Bounoura qui, confrontés à différentes formes de violences, à l'intérieur du cocon familial comme à l'extérieur, tentent de survivre. Dans ce récit noir proche de l'autobiographie, Benotman interroge ses origines, son identité, sa mémoire et offre au lecteur un témoignage où la parole se libère. Les enfants sont aussi victimes d'une société française indifférente, qui, à son tour, participe à la barbarie.

Rachel Ltaïf, L'enfant et la guerre libanaise. Retour aux mythes dans L'École de la guerre et La Main de Dieu

Héros-narrateurs l'un de L'École de la guerre, l'autre de La Main de Dieu, deux enfants de confessions ennemies vivent, en 1975 − date du début de la guerre libanaise − dans des secteurs opposés de Beyrouth : Alexandre Najjar, chrétien, habite à l'est et Lila, musulmane, à l'ouest. Ils devraient traverser la même ligne de démarcation, et ainsi affronter leur confession et leurs frontières géographiques. Selon une approche mythocritique, l'article étudie la variation de trois mythes : le mythe identitaire, le mythe de la traversée et le mythe du retour.

Héla Ben Mbarek, Les représentations de l'enfant dans Un printemps très chaud de Saḥar Ḫalīfa

Le personnage de l'enfant occupe une place très importante dans la prose romanesque palestinienne. En 2004, dans son roman Un printemps très chaud, Sahar Khalifa lui fait franchir une nouvelle étape. L'étude de l'image du personnage-enfant permet un éclairage différent, révélateur à la fois de la réalité de l'enfant palestinien telle qu'elle est perçue par la romancière, et de l'enfant idéal sur lequel elle aimerait que son jeune lecteur se modèle.

Pierre Suzanne Eyenga Onana, Le nez sur la vitre d'Abdelkader Djemaï. Métaphore d'une enfance spoliée ou figuration d'une société algérienne tourmentée ?

Le nez sur la vitre d'Abdelkader Djemaï s'offre comme l'itinéraire problématique d'une quête infantile insatisfaite à travers les labyrinthes d'une cité algérienne peinant à trouver ses marques. Se fondant sur l'appareillage sociocritique stylisé par Pierre Barbéris et Henri Mitterand, l'article interroge la disparition brusque de l'enfant à une période charnière de sa vie, en tant qu'elle est révélatrice d'un malaise social plus profond au sein duquel baigne le sujet algérien contemporain.

Bernadette Rey Mimoso-Ruiz, Le Maroc raconté aux enfants : Sonia Ouajjou

La présence de la littérature à destination des enfants, récente au Maroc, accompagne une prise en considération de la place occupée par l'enfant dans la société. Les albums de Sonia Ouajjou mettent en scène deux enfants, héros d'aventures qui les entraînent dans une visite de différents endroits représentatifs du Maroc. L'originalité de ces albums repose sur plusieurs paramètres : la rédaction et l'illustration appartenant au même auteur, le graphisme contemporain sans mièvrerie et leur contenu à la fois didactique et ludique.

Khalid Rizk, Les représentations éditoriales de l'enfance et de la jeunesse dans la presse magazine arabophone

Dans les magazines arabophones destinés au jeune lectorat, les dénominations métaphoriques et stéréotypées qui désignent les jeunes renvoient à la représentation que les comités de rédaction ont de l'enfance et de la jeunesse. Elles reproduisent, par ailleurs, une image sociale collective de cette tranche d'âge et donnent lieu à une typologie de récepteurs potentiels et effectifs. L'article pose la question de l'utilisation dans ces médias des notions de génération, de modernisme, de sexe et de nation.

Hadj Dahmane, Le théâtre pour enfants en Algérie. État des lieux et perspectives

Le théâtre algérien est né, dans sa forme aristotélicienne, en pleine colonisation. Est-ce pour cette raison que ses dramaturges n'ont pas prêté attention, dans ce contexte de résistance, à la nécessité d'un théâtre pour enfants ? Qui plus est, une fois l'indépendance acquise, pourquoi le monde de l'enfance n'a intéressé que plus tard les auteurs du théâtre algérien ? La naissance tardive de ce genre à part entière n'est-elle pas à étudier dans l'axe de la réparation d'un oubli de l'Histoire ?

Lena Saade-Gebran, L'enfant au prisme des identités dans le théâtre au Liban

Centré sur l'enfant comme objet littéraire dans le théâtre libanais contemporain, la contribution s'interroge, au travers de diverses pièces jouées sur la scène nationale durant les dix dernières années, sur les problèmes identitaires découlant des représentations des héros, sur leur impact sur les jeunes spectateurs et sur les visions de vie imposées. Partant, elle cherche à déterminer si le théâtre libanais est un théâtre missionnaire à vocation pédagogique ou un théâtre commercial de divertissement.

Mathilde Rouxel, Figures d'enfants, figures d'avenir dans le cinéma tunisien postrévolutionnaire

La démocratisation de la société tunisienne, amorcée suite au départ de Ben Ali en 2011, a apporté des questionnements nouveaux, concernant notamment l'avenir d'un pays fort d'une jeunesse majoritaire. Longtemps laissée à l'écart des images et des mots, la figure de l'enfant revient aujourd'hui au cœur de la création cinématographique. Porteurs de l'avenir du pays, les enfants sont interrogés, suivis, encouragés par les nouvelles caméras tunisiennes, qui montrent de l'enfance l'innocence, l'espoir et l'humour nécessaires pour bâtir une nouvelle société.

Roland Carrée, Enfances marginales dans le cinéma de Nabil Ayouch

Chez Ayouch, les personnages d'enfants sont souvent marginaux et reflètent les problèmes liés aux pays dans lesquels ils évoluent. La marge pouvant être géographique ou mentale, ces enfants sont issus de milieux défavorisés ou luxueux, violentés ou simplement laissés à eux-mêmes par les adultes indifférents. Le cinéaste a recours à différents effets narratifs et esthétiques (silence, jeu ou rêve) pour représenter cette marginalité dans laquelle ces enfants se résignent ou dont ils tentent de sortir.

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