RÉSUMÉS DES CONTRIBUTIONS N°6

Laurence Denooz et Nehmetallah Abi-Rached, Introduction

Andréa Forget, « Ğamāl al-Ġīṭānī en attente. De l'ombre à la lumière »

Le roman Nawāfiḏ al-nawāfiḏ, de Ğamāl al-Ġīṭānī est constitué d'une série de regards au travers de différentes fenêtres, moments qui se succèdent et qui composent l'entière vie du narrateur. L'attente se présente sous différentes formes dans le récit ; celles de l'espoir, du désir ou encore de la peur. Ces regards, ces instants, constituent des moments d'attente qui représentent autant de phases ou d'étapes vers une quête plus profonde, celle de l'attente de l'étape ultime.

Maria-Grazia Sciortino, « Waiting for Fatima to become Sophie. The time of waiting in Al-kāfira by 'Alī Badr »

L'analyse se focalise sur l'« attente », comme temps de la narration du roman Al-kāfira de 'Alī Badr et moyen de dénonciation de la mentalité misogyne imposée par les mutašaddidīn musallaḥīn qui contrôlent le village où Fāṭima-Sophie a passé son enfance et son adolescence. Dans ce climat de répression politique et d'oppression sociale, la représentation littéraire de l'attente devient métaphore d'une condition existentielle et d'une identité à la fois individuelle et collective.

Ballé Niane, « L'attente de l'oubli chez Buṯayna al-'Īsā, J'ai grandi mais j'ai oublié d'oublier »

J'ai grandi mais j'ai oublié d'oublier, roman de Buṯayna al-'Īsā paru en 2013, met en scène les malheurs de la jeune Fāṭima soumise à toutes sortes de maltraitances aussi bien physiques que morales de la part de son demi-frère Ṣaqr. Elle parvient pourtant à trouver refuge dans la composition poétique. Tout au long du roman, Fāṭima cherche à se défaire des souvenirs de sa vie carcérale dans le sous-sol de la maison fraternelle, mais, pour son plus grand malheur, l'oubli lui refuse son secours.

Mayssam Yaghi El-Zein, « L'attente des femmes chez 'Alawiyya Ṣubḥ, Fādī 'Azzām et Ḫālid Ḫalīfa »

Chez Fadi Azzam, Alawiya Sobh et Khaled Khalifa, les femmes, entre échappatoire ou purgatoire, se réfugient dans l'attente ou s'y consument. Dès lors, le présent devient le théâtre du possible, du rêve (Khalifa), du salut (Sobh) ou celui aussi de l'impossible rencontre et de la frustration (Azzam), tous relégués dans cet espace parallèle qui appartient à l'attente. L'attente « palliative » est un remède à l'échec des femmes, à leur solitude et leur ennui.

Cristiana Baldazzi, « Temps, lieux et modalités d'une attente dans les écritures autobiographiques. Maḥmūd Darwīš et Fadwā Ṭūqān »

Le temps de l'attente offre un prisme intéressant pour relire les écritures autobiographiques de deux auteurs palestiniens, Mahmud Darwish et Fadwa Tuqan, chez lesquels cette dimension existentielle est vécue sur un double plan, entre la participation à une histoire collective, marquée par l'anxiété et la frustration pour un État qui n'est jamais né, et la réflexion sur leur expérience humaine et individuelle, d'écrivain/e palestinien/ne, au-delà des limites de l'engagement politique.y

Pierre Suzanne Eyenga Onana, « Rhétorique de l'attente vicieuse et démythisation de la militance suicidaire. L'Attentat de Yasmina Khadra »

D'emblée, L'Attentat de Yasmina Khadra commande d'y lire la stylisation de la barbarie d'une tueuse de sang-froid éprise du sang versé au prétexte de sauver des âmes. Mais à bien y voir, l'enjeu réel de ce roman ne réside-t-il pas dans la rhétorique de l'attente vicieuse offerte comme stratégie de démythisation de la militance suicidaire dans un univers empuanti où tout reste à refaire ? En trois parties, l'article montre qu'il vaut mieux attendre d'encenser la vie plutôt que de sublimer la mort.y

Alma Abou Fakher, « La corporéité dans La file d'attente de Basma 'Abd al-'Azîz. Entre attente et despotisme »

L'article analyse la corporéité dans La file d'attente de Basma ʻAbd al-'Azîz, par le biais de sa confrontation avec le pouvoir représenté par le Portail d'un bâtiment gouvernemental inaccessible. Cette confrontation est imprégnée par l'attente qui domine la vie et l'entourage du protagoniste. Les événements se déroulent dans un pays anonyme du Moyen-Orient où les frontières fictionnelles/réelles s'entrecroisent dans une action unique : l'attente stérile devant le « Portail » fermé du pouvoir.

Talal Wehbe, « Réguler, déposséder et faire attendre. Ḫayrallāh al-Ğabal de 'Alā' Farġalī »

Malgré la multiplicité des conflits, il en émerge un antagonisme central : face aux défavorisés qui affluent vers Ḫayralla, se dresse le gouvernement. Le lecteur est invité à se déplacer continuellement entre un récit-cadre et un récit enchâssé, entre deux attentes, celle de la population et celle de Ṣālḥīn et ses frères. C'est autour de l'attente que se positionnent les protagonistes en ceux qui attendent et ceux qui savent, de père en fils, faire attendre.

Ghada Habib, « L'attente en captivité, une déformation de la perception du temps. Al-Qawqa'a de Muṣṭafā Ḫalīfa »

L'analyse du temps de l'attente dans un roman carcéral syrien ‒ Al-Qawqa'a de Muṣṭafā Ḫalīfa (2003) ‒ se fonde sur le système évolutif de la perception du temps carcéral, constitué de trois cycles, mis en lumière par Manuela Ivone Cunha. Dans la narration d'Al-Qawqa'a, trois temps se lisent et s'opposent : à l'impatience et à la révolte des débuts de l'incarcération, succèdent la résignation et la sage conviction que rien ne peut changer le présent puis, enfin, l'amertume du désespoir et l'indifférence à tout.

Hilda Mokh, « L'attente, une prison sans mur. Les Gardiens de l'air de Rosa Yassin Hassan »

Présentant des personnages contraints à l'attente, Rosa Yassin Hassan choisit cet angle pour dénoncer l'oppression exercée par un pouvoir politique, insistant notamment sur les conséquences de cette attente non seulement pour les individus emprisonnés, mais aussi pour leur entourage et pour les demandeurs d'asile forcés à l'exil. En multipliant les récits, Rosa Yassin Hassan écrit un roman de la mémoire des exactions des régimes totalitaires ou des groupes armés.

Hadj Dahmane, « L'attente ou le moment propice de juger avant le jugement : En attendant le procès de Mohamed Bourahla »

L'analyse d'En attendant le procès analyse le concept de l'attente et sa transformation spatio-temporelle. De statique, l'« attente » bifurque vers le dynamique : la notion d'attente est, désormais, chargée de combler un écart temporel, ce qui permet la mise en scène de problèmes inhérents à la société algérienne : altérité, préjugé et violence. L'auteur a-t-il réussi à instrumentaliser des événements au service de l'intrigue ou l'approche reste-t-elle artificielle, sans lien entre les deux actions ?

Mountajab Sakr, « L'horizon d'attente dans le théâtre de Muḥammad al-Māġūṭ »

Cet article traite l'horizon d'attente dans les pièces de théâtre de Muḥammad al-Māġūṭ et la réception de ses pièces selon les attentes du lecteur/spectateur, tout en essayant de comprendre les intentions de l'auteur. Il ne s'agit pas de faire une analyse détaillée des pièces ni a fortiori de les résumer simplement, mais plutôt de visualiser la réaction du spectateur/lecteur face à certaines scènes dramatiques.

Laura Bottini, « Le concept de justice pendant le temps de l'attente dans le shî'isme duodécimain »

Dans la doctrine imâmite, les deux occultations, mineure (874/941) et majeure (941-), sont reliées chacune à un temps de l'attente de l'Imâm, c'est-à-dire de celui qui interprète, d'une manière définitive, la Loi révélée et qui en garantit une application juste. Cette présente contribution se concentre justement sur le lien entre attente et justice, pendant le temps marqué par l'absence de l'Imâm, en vue de se livrer à une justice parfaite quand il reviendra.

Seydi Djamil Niane, « La poésie d'Elhadji Malick Sy. Entre désir, souffrance et cheminement spirituel »

À partir du 16e siècle, des courants soufis ont développé la doctrine de la « voie muḥammadienne » qui met la dimension mystique de Muḥammad au centre du cheminement des disciples. La Tiğāniyya fait partie ce courant. En se référant à la poésie d'Elhadji Malick Sy, ce texte analyse la manière dont il exprime son désir de se rendre, pour son cheminement spirituel, aux Lieux-saints de l'Islam et de la Tiğāniyya dont il fut un maître, ainsi que la façon dont l'attente du voyage mystique s'exprime.

Antonino Pellitteri, « "Transforme ton âme et tu transformes ton histoire." Temps, durée et attente dans la vision de Mālik Ibn Nabī »

Dans le contexte de l'Algérie coloniale, le penseur social algérien Mālik Ibn Nabī rentre dans son monde à lui, rassemblant le temps et l'attente, cette dernière conçue comme « notion du temps introduite dans la pensée et dans l'action, dans les idées et dans les choses ». L'image qui en résulte est perçue à travers la vue et l'intellect ; elle transparaît telle qu'elle est réellement ou diversement altérée, dans un miroir ou comme reproduction non-fantastique qui s'accomplit dans la conscience.



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