APPELS À CONTRIBUTION THÉMATIQUES


Les contributions (entre 25000 et 30000 signes : espaces et notes comprises - voir la charte éditoriale, le modèle de mise en page et le système de translittération ci-dessous -) sont à envoyer à Laurence Denooz (laurence.denooz@univ-lorraine.fr) et à Nehmetallah Abi-Rached (nabirached@free.fr). Les contributions devant paraître dans le numéro 11 sont à envoyer avant 31 décembre 2022 et celles du numéro 12 avant le 31 décembre 2023.

Après un hors-série intitulé Corps et désordre dans le monde arabe paru au premier trimestre de 2021 et le numéro 9 de la revue LiCArC (novembre 2021) portant sur la thématique du Théâtre arabe engagé et des questions de dictature et de démocratie, d'autres numéros (respectivement 2022, 2023 et 2024) seront consacrés plus largement à la thématique de l'Engagement face aux désordres et tumultes dans la société arabe contemporaine.

Numéro 11 (2023)

Le prochain numéro de la revue sera consacré à la poétique du lieu romanesque dans la littérature produite en péninsule Arabe.

Depuis les années 1990, avec l'apparition du « spatial turn » ou tournant spatial, de nombreuses études théoriques ont renouvelé les approches sur la construction des lieux dans le texte romanesque, leur conférant un nouveau statut au sein du récit. La géocritique, la géopoétique, les théories de la narration et l'écocritique notamment ont ainsi permis de révéler le rôle fondamental de l'espace dans la construction narrative et l'organisation sémantique du récit moderne et postmoderne, « coordonnée essentielle [des] représentations du réel, matériel et social, tant sur le plan de la sémiosis que sur le plan de la mimésis » (Mitterrand : 2009).

Ce numéro se propose d'appréhender l'espace romanesque à partir d'un point de vue particulier, le lieu, concept sur lequel s'accordent les approches théoriques (et non pas celui de l'espace, objet de définitions multiples et d'usages métaphoriques). Les questions autour de l'espace littéraire ou l'espace textuel ne seront par conséquent pas intégrées aux thématiques portées par ce numéro.

Le lieu sera envisagé en tant qu'espace tangible, géographiquement situé ou caractérisé par une matérialité construite par la narration (cf. par exemple Mitterrand : 2009). « Le lieu est un espace situé, borné et caractérisé » (Gélinas-Lemaire : 2019), construit dans le texte à travers les perceptions des personnages, leurs déplacements et leurs actions, ainsi que par sa position dans la topographie du roman.

Élément de l'histoire, il contribue à la structuration du récit et permet d'établir une nouvelle « réalité » dotée de significations particulières au sein de la fiction. Il s'agira donc d'analyser comment le roman « fait » de la géographie selon l'expression de Marc Brosseau.

Dans cette logique, les contributions s'interrogeront sur l'organisation des lieux au sein des espaces romanesques, sur les procédés mobilisés pour les créer et sur leurs fonctions dans la construction narrative ainsi que dans la constitution d'univers fictionnels qui véhiculent des savoirs, une mémoire et des imaginaires personnels ou collectifs.

La réflexion pourra être interne au texte. Elle s'ouvrira aussi aux réalités extratextuelles à travers l'analyse de la relation que le récit entretient avec le hors-texte, les contextes sociaux, historiques, culturels dans lesquels les textes ont été produits et dont les lieux donnent une lecture fictionnelle. Car, dans l'espace recréé par la narration, se renoue le lien « entre le monde et le texte, le référent et sa représentation (référentialité), [...] le réel et la fiction » (Westphal : 2007, p. 17).

L'analyse prendra comme objet d'étude la littérature romanesque produite dans la péninsule Arabe ces trente dernières années.

La période a en effet été témoin de l'essor remarquable du roman et de la grande créativité dont il fait preuve dans cette région du monde arabe. Cependant, il reste trop peu étudié dans le champ académique arabisant, bien que les trois dernières décennies aient été importantes dans le développement des littératures saoudienne, koweitienne, yéménite, et également du roman émirien, bahreïni, omanais et qatarien, jusqu'alors un peu en retrait. Elles ont mis en évidence la maturité acquise par la production romanesque de ces pays. Les travaux rassemblés dans ce numéro permettront ainsi d'approfondir l'étude des courants d'écriture qui irriguent l'écriture actuelle. La représentation des lieux - référentiels ou non - y mobilise des procédés littéraires et des thématiques qui montrent les évolutions actuelles de la littérature. Elle interroge la mémoire et l'Histoire et les confronte au présent ; elle construit un imaginaire des lieux, à la fois personnel et partagé, et témoigne des grandes questions qui animent les sociétés actuelles : notamment la transformation de la société vers un modèle plus inclusif et respectueux des individus ; l'évolution de la place des femmes ; la nécessaire négociation entre une identité régionale en pleine mutation et les réalités d'un monde moderne, technologique et mondialisé.

Les propositions s'inscriront dans les axes suivants :

  • Construction narrative et scénographie du lieu : Fonction du lieu dans le récit ; Modalités de la « fabrication » du lieu ; Description, objets, paysages et perceptions du lieu ; Cartographie de l'espace
  • Le lieu comme palimpseste : Lieu comme métaphore du sujet et matrice du territoire ; L'expression de savoirs culturels, d'une mémoire collective ; Réécriture des histoires personnelles / de l'Histoire par le lieu ; Le lieu référentiel / le lieu imaginaire
  • Le lieu incertain : Espace de la violence et de l'exclusion ; La guerre ; Le trouble identitaire ; L'engagement pour un autre monde
  • Le lieu allégorique : Lieu d'exil ou d'appartenance ; L'ici et l'ailleurs, le centre et la périphérie ; Lieu du présent ou de la mémoire
  • Le lieu thématique : la ville, la mer, la campagne, le frīğ / le quartier...

Les romans étudiés pourront être arabophones ou allophones. Les approches pourront être théoriques ou analytiques, en suivant des méthodologies diverses. Les notions utilisées devront être clairement indiquées et définies. Les contributions ne devront pas dépasser 35 000 caractères. Les langues de publication sont le français et l'anglais. Les propositions pourront être rédigées en arabe également, mais le texte final de la contribution devra être soumis en français ou en anglais. Les propositions sont à envoyer à elisabeth.vauthier@univ-lyon3.fr, laurence.denooz@univ-lorraine.fr et nabirached@free.fr. 

Date limite d'envoi de la proposition : 31 mai 2022

Date limite d'envoi de l'article : 31 décembre 2022

Numéro 12  (2022)

Il s'agira, en lien avec les axes thématiques généraux de la revue, d'étudier dans le monde arabe contemporain toute forme d'engagement, au sens où « il désigne l'attitude d'un intellectuel qui considère l'art comme un moyen d'exprimer ouvertement des idées, qu'elles relèvent ou non de l'art en lui-même. Par ses œuvres, ses actes et ses manifestes, l'artiste affirme donc son opinion avec le devoir de faire de son art un espace d'interpellation du public au regard de la cause défendue ou dénoncée. » (Spataro, 2018)

Les sociétés arabo-musulmanes, comme celles de bien d'autres régions, sont secouées par de multiples bouleversements et des mutations constantes ; elles expriment, sous des formes variées, de nouvelles revendications sociales ou sociétales, politiques, religieuses, ethniques, environnementales, humanistes, culturelles, économiques, philosophiques... Au-delà du simple militantisme, souvent accusé de pauvreté, tant politique et idéologique que créatrice et esthétique, « l'engagement critique consiste au contraire à produire des œuvres qui respectent et même suscitent la liberté ou l'esprit analytique du spectateur. » (Dreyer, 2006) Ainsi, les œuvres engagées visent-elles à la fois la reconnaissance d'une valeur esthétique d'une part et la dénonciation d'une situation, la critique d'une opinion ou la défense d'une cause, dans le contexte de revendication de la liberté d'expression, d'autre part.

Aujourd'hui, l'innovation dans l'engagement n'est plus exclusivement l'apanage de l'artiste ou de l'essayiste, représenté par la figure de l'intellectuel engagé décrit par Sartre, elle devient l'affaire de tous, comme en témoignent les productions populaires liées aux récentes mobilisations populaires en différents contextes nationaux. Aux artistes et intellectuels en tous genres ‒ romanciers, poètes, dramaturges, chansonniers, journalistes, cinéastes, humoristes... ‒ s'ajoutent désormais de nouveaux leaders d'opinion, professionnels ou non, délibérés ou spontanés, porteurs d'expressions contestataires, citoyennes ou dissidentes, souvent caractérisées par leur instantanéité. Cherchant à retenir l'attention en créant un choc ou une surprise, leurs slogans ou leurs messages, jouant avec les normes esthétiques et stylistiques, se diffusent dans les manifestations de rue, sur les réseaux sociaux ou dans toutes les formes d'arts, traditionnels ou innovants.

Toutefois, les œuvres engagées, qu'elles soient littéraires ou artistiques ou encore populaires, se distinguent aussi par le fait que, pour remplir la triple fonction de la production engagée ‒ informer, critiquer, mobiliser ‒, l'expression du militantisme allie des formes allant des plus spontanées aux plus élaborées, des plus violentes aux plus artistiques, s'emparent de tous les arts traditionnels, les font évoluer, les transgressent et les renouvellent, se jouent des normes, modèles et stéréotypes en tous genres, voire créent des formes, des stratégies et des pratiques innovantes. Individuelles, populaires ou communautaires, sur la scène artistique ou dans la rue, ces productions ‒ au sens large du terme ‒ à visée mobilisatrice, prenant part aux conflits sociopolitiques et aux débats idéologiques, traduisent et nourrissent, par un nouvel esthétisme, des revendications, des contestations, des révoltes, des dissidences individuelles ou collectives, dans des perspectives d'information, de mobilisation voire de manipulation. Pour se distinguer, leurs auteurs, qui veillent à donner à leur discours protestataire la plus large visibilité. Outre une médiatisation extrême par l'exploitation de toutes les techniques de diffusion qu'ils ont à leur disposition, ils exploitent les potentialités de tous les arts, qu'ils soient textuels, graphiques, visuels, plastiques, sonores, figuratifs...

Du dernier quart du 20e siècle à aujourd'hui, le monde arabe est en constante (r)évolution et soumis à de violentes tensions politiques, géopolitiques, sociétales, culturelles, religieuses et économiques. En plein tumulte, la société n'a de cesse de provoquer des crises puis de lutter pour les surmonter, se réformer, s'adapter et se réinventer, tantôt en s'inspirant des traditions les mieux ancrées, tantôt en empruntant des éléments exogènes, tantôt enfin en créant et innovant, par déformation, dénaturation, travestissement, caricature, ou parodie. L'inventivité et la créativité dont font preuve artistes ou anonymes mobilisés pour défendre la liberté ou lutter contre toute forme de discrimination ou de dictature confèrent à l'engagement critique dans le monde arabe une réelle efficacité, souvent redoutée, parfois jusqu'à la censure.

Les propositions pourront notamment s'inscrire dans l'un des axes suivants :

  • Cultures et littératures de l'engagement sociopolitique
  • Nouveaux types et modalités de l'engagement
  • (En)jeux de pouvoir en contexte de dictature, de migration, de lutte sociopolitique
  • Les nouvelles pratiques artistiques et littéraires des révolutions et/ou "printemps" arabes
  • Déconstruction - reconstruction
    • (Dé)construction de l'identité sociale et politique arabe
    • (Dé)construction du dialogue interculturel dans un contexte de déracinement/ré-enracinement, dé-/re-territorialisation
    • Dé)construction de la norme linguistique
    • (Dé)construction des genres littéraires / artistiques
    • (Dé)construction des concepts féminité/masculinité

Les objets d'étude ‒ qu'il s'agisse de productions littéraires (roman, nouvelle, théâtre, poésie...) ou culturelles et/ou artistiques (cinéma, documentaire, presse, BD, réseaux sociaux, caricature, séries télévisées, musique, chansons populaires, danse, beaux-arts, iconographie, peinture, publicité, phénomènes sociaux, graffiti, tweets, peinture urbaine, discours politiques, propagande, ...) ‒ pourront être arabophones ou allophones, mais exclusivement produits dans l'aire arabo-musulmane, de l'intérieur ou de l'extérieur (production migrante).

Les approches pourront être théoriques ou analytiques, de même que les méthodologies pourront être diverses - structurale, situationnelle, contextuelle, référentielle, sociolinguistique, stylistique, sémiotique, interactionnelle et intertextuelle. Les notions utilisées devront être clairement indiquées et définies.


Bibliographie :

Béja Alice, « Au-delà de l'engagement : la transfiguration du politique par la fiction », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 11 | 2006, mis en ligne le 11 février 2008, consulté le 10 juin 2020. URL : https://journals.openedition.org/traces/240 ; DOI : 

https://doi.org/10.4000/traces.240.Denis Benoît, Littérature et engagement. De Pascal à Sartre, Paris, Seuil, 2000.

Dreyer Sylvain, « Rhétorique de l'engagement critique. Regards de cinéastes et d'écrivains français sur la révolution cubaine (années 1960 et 1970) », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 11 | 2006, mis en ligne le 11 février 2008, consulté le 11 juin 2020. URL : https://journals.openedition.org/traces/246 ; DOI : https://doi.org/10.4000/traces.246.

Jameson Frederic, The Political Unconscious. Narrative As a Socially Symbolic Act, Ithaca, Cornell University Press, 1981.

Spataro Marion, « L'engagement artistique est-il encore d'actualité ? », dans Deuxième temps. Revue numérique d'histoire de l'art, mise en ligne 20 décembre 2018, consulté le 11 juin 2020. URL : https://deuxieme-temps.com/2018/12/20/lengagement-artistique-est-il-encore-dactualite/.

Wagner Patrick, « La notion d'intellectuel engagé chez Sartre », Le Portique [En ligne], Archives des Cahiers de la recherche, Cahier 1 2003, mis en ligne le 17 mars 2005, consulté le 11 juin 2020. URL : https://journals.openedition.org/leportique/381



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